Craig Buntin se tourne vers la technologie pour faire avancer le sport

Que doit faire un patineur en couple lorsqu’il accroche ses patins à l’âge de 29 ans et contemple son avenir?

S’il s’agit de Craig Buntin, il prend ses affaires en main.

En cinq ans, Craig, maintenant âgé de 34 ans, a connu un cheminement fascinant – dans le monde des affaires – passant d’un connaisseur de thé à un cadre d’une société de logiciels de patinage. Et, il aurait peut-être l’outil parfait pour révolutionner le patinage artistique – peut‑être même mettre un frein à la subjectivité dans le sport.

Craig est un directeur principal d’une entreprise en démarrage de Montréal, qui utilise le logiciel de vision par ordinateur pour analyser les mouvements des patineurs artistiques : la hauteur de leurs sauts et de leurs lancés, la distance que parcourt le mouvement, la vitesse à laquelle ils se déplacent, l’évolution et la couverture de la glace. Ce logiciel s’appelle VeriSkate, à juste titre. La racine « veri » signifie vérité.

« C’est vraiment à la fine pointe de la technologie », soutient Craig, à propos du logiciel de reconnaissance du mouvement, qui a en fait été développé pour des raisons de sécurité, avec une capacité inusitée de reconnaître et de déterminer le mouvement. Craig et ses collègues de l’Université McGill, responsables du développement du logiciel, s’en servent pour reconnaître les mouvements de patinage artistique et les définir d’une manière analytique.

« Dans le sport, il y a très peu de reconnaissance du mouvement en ce moment », a fait remarquer Craig. Mais, on se dirige manifestement vers l’utilisation de l’analytique pour évaluer la qualité de la performance des athlètes. Après tout, le budget de l’équipe de baseball Athletics d’Oakland n’est rien en comparaison de celui des Yankees de New York et l’équipe doit trouver des jeunes joueurs prometteurs, en utilisant une approche fondée sur des éléments probants analytiques, afin de former une équipe concurrentielle. Ceci a fonctionné pour le club.

« Je crois que le patinage artistique a quelque chose que n’a aucun autre sport – nous jugeons les mouvements particuliers », mentionne Craig.

Ce logiciel qui enthousiasme Craig et lui fait passer des nuits blanches peut être utilisé pour évaluer les patineurs à une compétition estivale. Il compte créer une application qui donnera aux patineurs toutes sortes de données à propos de leur patinage. « À l’avenir, vous saurez si vous exécutez l’Axel le plus rapide au Canada », affirme Craig. Et un jeune patineur peut, par exemple, comparer ces renseignements à ceux de Patrick Chan. Il peut voir d’un point de vue scientifique ce qu’il doit faire pour s’améliorer. Le logiciel va au-delà de Dartfish, soutient Craig.

« Nous mesurons la vitesse globale d’un programme, la rapidité de l’accélération des patineurs, la production de puissance », a-t-il dit. « Nous savons pendant combien de temps les patineurs font des pirouettes dans leurs programmes, qu’ils accélèrent et qu’ils sont immobiles, exécutant des mouvements artistiques.

« Nous pouvons mesurer la couverture réelle de la glace d’une séquence de jeux de pieds. Pouce par pouce, nous savons combien de glace les patineurs couvrent. Ainsi, nous savons plus ou moins comment un programme est difficile. »

Il va sans dire que le logiciel serait un excellent outil pour les médias et diffuseurs et pourrait aussi être un autre outil utile pour les officiels qui font fonction de juges.

Le logiciel ne fait partie de la vie de Craig que depuis les quelques derniers mois. L’idée lui est venue lorsqu’il se trouvait au Grand Prix de Patinage Canada, à Saint John, N.-B., en octobre dernier. Il avait assisté à l’événement en tant que délégué pour l’importante séance de stratégie de changement de Patinage Canada. Après la séance, il a parlé à Patricia Chafe, chef du Sport de Patinage Canada, a rédigé une proposition le dimanche soir et l’a présentée au chef de la Direction générale, Dan Thompson, lundi. Deux jours plus tard, il s’envolait à destination du Royaume-Uni pour une conférence sur l’analytique du sport. Depuis, il n’a pas cessé de courir à toute vitesse.

Craig avait formé une entreprise de thé vers le moment où il mettait fin à sa carrière, ayant raté une place aux Jeux olympiques de Vancouver, dans sa province de résidence. Il savait qu’il avait besoin de prendre du recul. Après un certain temps, il s’est rendu compte qu’il ne connaissait rien des affaires et a décidé de poursuivre ses études. Il avait quitté l’école il y a 12 ans.

Craig, qui a cessé de patiner à l’âge de 29 ans, a contacté deux universités pour connaître les possibilités qui s’offraient. L’Université McGill à Montréal a fait une exception pour Craig, l’acceptant dans son programme de MBA, sans grade de premier cycle, s’il réussissait le Test d’admission de deuxième cycle en gestion. Il s’est avéré que l’Université McGill n’avait jamais fait de telle exception pour aucun étudiant.

Craig a reçu son diplôme, vendu sa compagnie de thé à son distributeur, puis s’est demandé ce qu’il allait faire.

Dans l’intervalle, il a de nouveau ressenti l’attraction du patinage artistique. Durant ses études de MBA, il avait participé à un concours de plan d’entreprise. L’un des juges avait été le président-directeur général d’une société de capital de risque à Montréal, qui s’occupe d’entreprises technologiques en démarrage, pour lancer sur le marché la recherche universitaire.

L’entreprise, investissant dans une nouvelle vision par ordinateur, cherchait des gens pour fonder des entreprises de haute technologie. Durant une réunion avec Helge Seetzen, PDG de TandamLaunch, ce dernier a demandé à Craig de regarder toutes les technologies de l’entreprise pour voir si certaines l’intéressaient.

À présent, Craig est le cofondateur de VeriSkate et a obtenu un financement de 500 000 $ pour l’entreprise en démarrage (qui aurait deviné?). Il travaille avec un étudiant qui vient de terminer son doctorat en vision par ordinateur à l’Université McGill et il a aussi embauché un réalisateur de logiciels. L’entreprise développe une application et embauche actuellement. C’est une industrie en plein essor », affirme Craig.

Craig n’avait jamais pensé qu’il s’intéresserait à la haute technologie. Cette occasion est tombée du ciel. « Je vais à une compétition de patinage maintenant et je me sens comme chez moi », dit-il. « L’odeur de la patinoire, les gens, les lumières. Superbe. »

Ce qui donne la chair de poule à Craig est de penser que s’il avait eu ce logiciel lorsqu’il était un patineur, ceci aurait complètement changé la façon dont il s’entraînait. Son but est de le lancer à quelques compétitions estivales et, si tout va bien, de l’avoir en place pour les événements du Grand Prix junior durant la saison qui vient.

Il aimerait beaucoup que le logiciel soit utilisé aux Internationaux Patinage Canada à Kelowna, C.‑B., sa ville de résidence. Il a de grands rêves. Et il rêve vite.

Beverley Smith

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