Profil de Fierté: « Tous les progrès que nous avons faits et tout ce qui nous reste à accomplir »

Juin est le mois de la Fierté, une occasion de mettre en valeur et de célébrer la communauté LGBTQI2S. Patinage Canada a fait et continue à faire un travail substantiel relativement à l’inclusion des personnes LGBTQI2S, mais nous savons qu’il reste des travaux cruciaux à accomplir en matière d’inclusion, au sujet de la race, l’origine ethnique, l’indigénéité, la religion, la classe, la taille et la capacité, ainsi que leurs chevauchements

Dans le but d’appuyer un environnement inclusif, en ce mois de la Fierté, nous partageons des histoires personnelles de membres de notre communauté de patinage. Voici l’histoire de HM.

J’ai commencé à patiner après avoir regardé les Jeux olympiques de 1988 et insisté auprès de ma mère que je voulais faire du « patinage de fantaisie ». Étant des parents qui m’appuyaient et m’encourageaient, ils m’ont inscrite à des cours récréatifs, puis à Patinage Plus, où je suis rapidement tombée en amour avec notre sport.

Notre club encourageait l’embauche d’un entraîneur privé autour du niveau novice I de Patinage Plus, dans l’espoir d’établir une relation solide avec l’entraîneur privé, avant de passer au niveau junior. J’ai choisi un homme enjoué, mais sérieux, qui m’a poussée à me dépasser, à un jeune âge, et insisté que je fasse toujours de mon mieux. Je l’aimais beaucoup et j’étais désespérément attachée à lui, à la fin de la première leçon.

Malheureusement, cette relation entraîneur-patineur a pris fin avant même qu’une année complète ne se soit écoulée. Malgré de nombreuses objections de parents (y compris les miens) et les objections d’entraîneurs collègues, son contrat renouvelé depuis de nombreuses années ne l’a pas été pour l’année suivante, lorsque le conseil d’administration du club a, en quelque sorte, pris connaissance de sa sexualité. Étant si jeune à l’époque, cette raison n’a pas été partagée avec moi et ce fut plusieurs années avant que quelqu’un ne me dise la vérité. À ce jour, je suis certaine que j’ignore une partie de l’histoire, mais je n’ai pas été en mesure de le retrouver depuis. Je me souviens d’avoir dit au revoir – je pleurais à chaudes larmes et ma mère a dû me porter dans ses bras jusqu’à la voiture. Elle a dit qu’il était aussi parti en pleurant.

Après ce premier été, j’ai presque cessé de patiner. Je me souviens que mes parents ont essayé de m’aider à choisir un nouvel entraîneur et de me convaincre de continuer à patiner. Je me rappelle d’avoir regardé la liste d’entraîneurs, reconnaissant chacun d’entre eux, mais d’être sure d’aucuns. Je savais que je voulais un entraîneur plus ferme avec ses patineurs, mais je savais aussi que je voulais un entraîneur qui se soucierait de moi, au moins la moitié autant que mon premier entraîneur. En toute honnêteté, je ne voulais pas de nouvel entraîneur, je voulais MON entraîneur. En fin de compte, nous sommes parvenus à un compromis – je patinerais jusqu’à Noël avec mes nouveaux entraîneurs et si je ne voulais toujours plus patiner, je pourrais alors cesser.

Mes nouveaux entraîneurs étaient une équipe composée du mari et de la femme. Je les ai choisis simplement parce qu’ils semblaient stricts; ils avaient une approche pragmatique et leurs patineurs travaillaient dur. Sur papier, leurs rôles étaient très définis. Il était mon entraîneur de danse et offrait de temps à autre des leçons de style libre. Elle m’a appris les figures et, plus tard, les habiletés, en plus de la majorité de mon style libre. Ils sont devenus mes deuxièmes parents. Pendant beaucoup de mes années de formation, plus d’heures d’éveil ont été passées avec eux qu’avec mes parents. J’étais tout aussi heureuse de leur parler de ma vie qu’à mes parents et je m’efforçais d’obtenir autant, sinon plus, leur approbation, leurs éloges et leur affection. Je me souviens d’une règle de « trois choses » instituée à l’école primaire – je pouvais leur dire trois choses par jour avant d’avoir à me concentrer sur la leçon. Je leur parlais de l’école, de mes amis, de ma famille, de ma vie. Je voulais tout leur dire. Je les aimais profondément et je leur dois une immense gratitude – sans leurs efforts pour me convaincre au cours de ce premier automne, j’aurais quitté le patinage, probablement pour toujours, et ma vie aurait été complètement différente. Nous avons passé des années ensemble, de mes premiers tests préliminaires jusqu’au double or. J’ai réussi mes dernières danses or le jour du 55e anniversaire de mon entraîneur et j’ai encore une collection de photos et un amour du champagne depuis ce jour-là. Adolescente, j’ai passé mes étés à la patinoire, pendant plus de 8 heures par jour, faisant à vélo le trajet d’une heure pour l’aller et d’une heure pour le retour, afin d’être en mesure de passer autant de temps que possible avec eux, patinant, m’entraînant et aidant n’importe où ils me laisseraient le faire. Ils m’ont donné des occasions, des responsabilités et un profond sentiment d’appartenance et d’acceptation, qui ont fait de la patinoire l’endroit où je me sentais le mieux, sans savoir pourquoi je me sentais déjà « différente ». J’ai eu la chance d’avoir eu une excellente relation avec eux, qui m’a aidée dans une large mesure à devenir la personne que je suis aujourd’hui, tant comme entraîneure que personne.

J’étais en onzième année avant de reconnaître moi-même mon orientation sexuelle et de commencer à la divulguer à d’autres. Après avoir vu d’autres amis être rejetés par leurs mentors adultes, enseignants et entraîneurs, je n’étais pas sure de pouvoir survivre si cela m’arrivait et je ne pouvais pas le risquer avec les miens. Ce qui semble dramatique était probablement, en vérité, en plein dans le mille. J’ai pris la décision de changer d’entraîneur pour obtenir un entraîneur plus jeune et moins expérimenté, afin de ne pas ressentir de réaction négative (ou perçue comme étant négative), d’une façon aussi aiguë. Je voulais éviter toute déception en moi, en tant que personne, de gens dont je ne pouvais pas tolérer de perdre le respect. En fait, et au détriment de mon propre patinage, à la fin de ma carrière personnelle au patinage, je les ai abandonnés avant qu’ils ne puissent m’abandonner. Clairement, je n’avais pas aucune idée de la façon dont ils réagiraient. Je n’avais pas le courage de risquer qu’ils le découvrent. Je me souviens que mon entraîneure cache ses larmes et de penser qu’au moins elle était déçue de moi pour quelque chose que j’avais choisi, plutôt que quelque chose que je ne pouvais pas choisir. Je me souviens de la dernière accolade avec eux et de quitter la patinoire en courant et sanglotant convulsivement – je savais que j’avais fait une énorme erreur, mais je n’étais pas prête à repenser ma décision parce que c’était encore plus facile que l’alternative, qui ne serait probablement jamais arrivée de toute façon. Tous deux ont quitté notre club très soudainement, immédiatement après, exerçant à plein temps leurs fonctions dans l’autre club où ils enseignaient. Ils étaient restés jusqu’à ce que j’obtienne mon diplôme et que je passe à autre chose; j’étais leur « dernière » dans notre club. Quand je les ai quittés, ils sont aussi partis.

Je n’ai jamais essayé de me racheter auprès de l’un ou de l’autre. Quelques années plus tard, je les croisais régulièrement, lors de compétitions avec mes propres patineurs dans notre section. Bien qu’ils soient toujours cordiaux et polis, nous n’avons jamais été près de nous réconcilier. Je les respecte et les aime tous les deux, bien que je pense encore que le mal que je leur ai causé était bien pire que toute réaction négative dont j’aurais pu avoir à face, d’autant plus qu’à ce jour, aucun d’eux n’a aucune idée des vraies raisons pour lesquelles j’ai choisi de passer ma dernière année de patinage avec quelqu’un d’autre. J’espère que si l’un d’eux voit cet article, près de 20 ans plus tard, ils pourront me pardonner pour tout mal que je leur ai causé et savoir combien appréciés, importants et aimés ils étaient et sont encore.

J’entraîne maintenant à l’autre bout du pays où j’ai grandi, dans un petit club, avec de jeunes athlètes de compétition qui ont de très grands rêves. Je révèle mon orientation sexuelle dans ma vie quotidienne et la majorité des familles avec lesquelles je travaille sont conscientes de ma sexualité et ma partenaire est accueillie lors d’événements, tels que les cérémonies de remise des prix et en tant que bénévole, le cas échéant. Bien que ma technique ait changé au fil des ans, je trouve que mon style d’entraînement est extrêmement similaire à celui de mes anciens entraîneurs. Je me demande souvent comment ils auraient réagi s’ils avaient su la vérité.

Le mois de la Fierté nous permet de voir tous les progrès que nous avons faits et tout ce qui nous reste à accomplir. Personnellement, j’ai l’impression que le rameau d’olivier qu’on tend au cours de ce mois est souvent insuffisant à mesure que les saisons changent, mais avec de nouvelles initiatives, un suivi et de l’éducation, nous pouvons nous assurer que nos athlètes, entraîneurs, membres et bénévoles sont heureux, appuyés et en sécurité, à leurs places, dans notre organisation.

Joyeux mois de la Fierté, Patinage Canada.

Patinage Canada remercie HM d’avoir partagé son histoire et sensibilisé la communauté du patinage. Si vous êtes membre de la communauté de patinage LGBTQI2S+ et que vous souhaitez partager votre histoire personnelle, veuillez nous envoyer un courriel à [email protected].

0 réponses

Laisser un commentaire

Rejoindre la discussion?
N'hésitez pas à contribuer !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *