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Du papier carbone aux iPads, Nicole Guérin a vraiment tout vu après 40 ans passés à Patinage Canada

Sur le point de prendre sa retraite à la suite d’une carrière de 40 ans à Patinage Canada, Nicole Guérin tient à dévoiler un secret.

Elle a presque décidé de ne pas se présenter à sa première entrevue d’emploi en raison d’un ascenseur.

Après avoir occupé pendant quatre décennies le même poste aux finances, Nicole dira adieu à Patinage Canada et prendra une retraite bien méritée. Elle quittera le travail pour la dernière fois le 6 mai, exactement quatre décennies depuis le jour où elle est entrée dans le bureau de Patinage Canada, connu à l’époque sous le nom d’Association canadienne de patinage artistique, pour sa première journée de travail.

Nicole se met à rire en songeant à cette première entrevue, admettant qu’elle a presque perdu sa chance d’obtenir l’emploi à cause de sa crainte des ascenseurs.

En 1974, la timide jeune femme âgée de 20 ans a répondu à une annonce dans son journal local pour un poste dans les comptes fournisseurs et la paye à l’ACPA. À l’époque, Nicole qui travaillait à temps partiel au service des finances, d’une épicerie de Hawkesbury, avait emprunté la voiture d’un ami et fait le trajet d’une heure pour passer l’entrevue à Ottawa. Non seulement est-ce que Nicole a stationné dans le mauvais parc de stationnement, mais l’immense édifice sur le chemin River, où se trouvait le siège social de l’ACPA, semblait plutôt imposant pour une fille provenant d’une petite ville.

Après être entrée dans l’édifice, elle s’est rendu compte que le bureau se trouvait au 10e étage et n’ayant jamais mis pied dans un ascenseur, Nicole a fait demi-tour et s’est dirigée vers sa voiture.

Nicole croyait qu’elle pouvait surmonter son incapacité de parler un mot d’anglais. Prendre l’ascenseur pour la première fois semblait cependant une impossibilité.

« Je me suis dit que je n’irais pas, je ne pouvais prendre cet ascenseur », a dit Nicole. « Mais ensuite j’ai pensé « je peux le faire, je dois le faire ». Je suis retournée dans l’édifice et j’ai monté dans l’ascenseur. C’était tellement bizarre. Tout le monde parlait anglais. J’étais terrifiée. »

Au dixième étage, Nicole est sortie de l’ascenseur et est entrée directement dans le bureau de l’ACPA, disant à la réceptionniste les seuls mots qu’elle connaissait en anglais.

La même phrase qu’elle avait répétée toute la journée.

« Je m’appelle Nicole Guérin et j’ai eu une entrevue. »

Après avoir rempli sa demande, elle a rencontré la gestionnaire de bureau Lois Hyland, qui lui a offert l’emploi. Depuis ce jour, elle n’a cessé de se charger des comptes fournisseurs et de signer les chèques de paye à l’ACPA/Patinage Canada.

Afin de replacer dans son contexte la durée d’emploi de Nicole, en 1974, Pierre Elliott Trudeau était le premier ministre du Canada, une nouvelle voiture coûtait en moyenne 3 500 $ et on pouvait acheter une pinte de lait pour moins de 50 sous.

Et, la jeune Nicole Guérin, âgée de 20 ans, allait amorcer le parcours de sa vie.

« Les cinq premières années n’ont pas été faciles », admet Nicole. « J’appelais ma mère presque tous les jours. Mais, je savais que je devais réussir pour moi-même. »

Pour Nicole, sa dernière journée de travail se produisant exactement 40 ans après son entrée en fonction n’est pas une coïncidence. Le 6 mai 2014 était encerclé sur son calendrier depuis les trois dernières années.

Nicole se réjouit de sa retraite et de la liberté qu’elle lui permettra de profiter, même s’il faudra qu’elle s’habitue un peu à la transition.

« C’est difficile de dire adieu, beaucoup plus difficile que je ne l’aurais pensé », a signalé Nicole. « Il s’agit d’un chapitre nouveau et excitant de ma vie, mais la routine quotidienne a été la même pendant 40 ans. C’est difficile de dire adieu aux gens. »

Parmi toutes les relations étroites que Nicole a établies à Patinage Canada au fil des ans, aucune n’est plus proche que celle qu’elle partage avec Diane Vanier. Elles ont fait connaissance lorsque Diane travaillait au Centre national du sport et de la récréation, dans le même édifice que se trouvait l’ACPA, il y a 38 ans. Six ans plus tard, Diane s’est jointe à l’équipe de l’ACPA.

Elles ont été meilleures amies depuis ce jour.

« Nicole est une merveilleuse amie et nous avons établi une relation très spéciale au cours des ans », a déclaré Diane Vanier. « Rien ne sera plus pareil sans elle. »

« Oui, Diane me tient beaucoup à cœur », a ajouté Nicole. « Nous sommes comme des sœurs. Elle est très spéciale et elle est ma meilleure amie depuis longtemps. »

Le personnel de Patinage Canada a honoré la remarquable carrière de Nicole durant un long dîner, la semaine dernière, à Ottawa. Au nombre des personnes présentes se trouvaient l’ancien directeur général de l’ACPA, David Dore, et le chef actuel de la Direction générale, Dan Thompson.

« Nicole fait partie intégrante de l’équipe de Patinage Canada depuis les 40 dernières années et nous tenons à le féliciter alors qu’elle célèbre sa retraite », a déclaré le chef de la Direction générale, Dan Thompson.

« Nicole a continuellement été un modèle d’excellence du service et d’intégrité tout au long de sa carrière. Au nom de la famille de Patinage Canada, je lui transmets mes meilleurs vœux à l’amorce de ce nouveau et excitant chapitre de sa vie. »

Durant sa carrière, d’autres personnes ont occupé le poste de chef de la Direction générale de Patinage Canada, dont Douglas Gunter, Hugh Glynn, Lou Lefaive, Patrick Sharp, Pam Coburn et William Thompson.

Nicole a amorcé sa carrière à l’ère des machines à additionner et du papier carbone et la termine avec des ordinateurs portatifs et des iPads. Une chose qui n’a jamais changé, toutefois, c’est son amour des chiffres.

« Mon travail changeait constamment, mais j’étais toujours heureuse d’apprendre de nouvelles technologies », a-t-elle ajouté. « Ma spécialité a toujours été les chiffres. C’est ma passion. »

Une telle passion, que Nicole surveille l’odomètre de sa voiture pour s’assurer de ne pas rater le moment où les chiffres changent et correspondent parfaitement. Il n’y a que peu de fois que Nicole n’a pas vu les chiffres passer à 33 333 ou 88 888.

« Parfois je dois prêter attention à la route, je ne vois pas les chiffres changer et ça me bouleverse », dit Nicole en riant.

« Je suis malade des chiffres. »

Alors qu’elle s’apprête à prendre sa retraite, Nicole affirme qu’elle compte voyager dans le monde entier, aller à la pêche, jouer au golf et « lire des livres en quelques semaines plus tôt qu’en quelques mois ». Elle aimerait aussi faire du bénévolat dans les hôpitaux locaux pour aider les patients à remplir les formulaires complexes.

Nicole n’amorce pas sa retraite seule – son mari, Denis, s’est retiré le mois dernier.

« Il m’attend », fait remarquer Nicole. « Nous allons l’apprécier. Nous avons attendu longtemps. »

« C’est comme si c’était hier que j’ai pris cet ascenseur pour la première fois. J’ai aimé chaque moment de cette expérience. Je n’ai jamais trouvé les mots facilement – les chiffres ont été ma spécialité. J’aime me trouver en compagnie des gens et les personnes ici ont été très spéciales. Je sais depuis longtemps que je me trouvais au bon endroit et que je voulais rester pour toujours. »

Et maintenant, quatre décennies plus tard, Nicole devient un peu émue à l’idée de quitter Patinage Canada pour la dernière fois.

« En ce moment, j’essaie de ne pas trop y penser », soutient Nicole avec un sourire, la voix étranglée par l’émotion. « Je ne veux pas pleurer. »

La retraite? C’est facile.

Dire adieu, sera un peu plus difficile.