Patrick Chan déchaîne la musique de Vivaldi au Thornhill Summer Skate

THORNHILL (ONT.) – Patrick Chan recommence à neuf, en quelque sorte.

Il a fait ses bagages à Colorado Springs pour déménager à Detroit pendant l’été. Son entraîneure, Kathy Johnson, et lui ont formé une petite caravane de deux voitures, toutes deux complètement pleines, sa bicyclette perchée sur un toit, avançant tant bien que mal dans les plaines du Midwest aux États-Unis. Il a fini de défaire ses valises qu’à la mi-août.

Patrick et Kathy ont transformé le voyage en vacance, interrompant ce qui serait normalement un trajet de deux jours par des arrêts à Kansas City et Chicago en cours de route. C’est un nouveau début pour Patrick, qui patinera au Club de patinage de Detroit.

Le programme olympique qu’il a présenté le 18 août, au Thornhill Summer Skate, près de Toronto, est aussi nouveau, mais en fait il ne l’est pas vraiment. Il exécute son programme sur une musique de Vivaldi, intitulée Les quatre saisons, un morceau exubérant et éclatant de musique baroque italienne dont il s’est servi pour terminer deuxième aux Championnats du monde juniors en 2006-2007. Et, il l’a utilisé de nouveau pour faire ses débuts aux Championnats du monde en Suède, où il a terminé neuvième durant la saison 2007-2008. Le programme original a été chorégraphié par Lori Nichol, celui-ci par David Wilson.

« J’ai eu beaucoup de succès avec Vivaldi », affirme Patrick. « La dernière fois que j’ai présenté le programme, je savais que j’allais le répéter aux Jeux olympiques ». La première version du programme sur la musique de Vivaldi a été le dernier cadeau qu’Osborne Colson a fait à Patrick. Osborne est décédé à l’âge de 90 ans, en 2006, et il avait toujours aussi fait fonction de chorégraphe, mais en 2006-2007, il a incité Patrick à laisser Lori Nichol chorégraphier le programme long pour la première fois.

Par conséquent, le programme de Vivaldi sera un hommage à Osborne, qui a enseigné à Patrick ses habiletés de patinage. Patrick appelle sa nouvelle version ses « plus grands succès » étant donné qu’elle intègre des tons et des leitmotivs du passé, même certains mouvements de base qu’Osborne a conçus pour lui il y a plusieurs années.

« Je n’essaie pas de faire des choses incroyables », a fait remarquer Patrick. « Je ne m’efforce pas de repousser les limites cette saison. Ce n’est pas la saison pour faire cela. C’est la saison pour retourner à ce qui me met à l’aise, ce qui rend le patinage agréable et ce qui me fait patiner de mon mieux ». Patrick a choisi la musique et il a pris part à la conception de la chorégraphie, tout particulièrement des tracés et des mouvements confortables qu’il aimait des programmes précédents. D’une certaine façon, c’est comme d’enfiler une paire de vieilles chaussures bien qu’on y retrouve toute une foule de détails, de virages et de mouvements complexes. Étant donné qu’il s’agit d’un programme difficile, Patrick doit toujours apprendre comment régler son allure durant l’exécution et trouver son propre rythme.

Patrick garde son programme court de l’an dernier, et pourquoi pas? Patinant au son d’Élégie en mi bémol mineur de Rachmaninoff, il a obtenu un score mondial record de 98,37 points aux Championnats du monde à London, en Ontario, en mars dernier. Il n’a pas exécuté son programme court à Thornhill, seulement son programme long, simplement pour que le public et les juges en aient un aperçu, de sorte qu’il puisse poursuivre sur la lancée à Sotchi. Compte tenu de la présence d’un Nobunari Oda ravivé au nombre des concurrents (il a remporté l’événement, salué par une ovation), Patrick a eu l’impression que c’était presque que comme un événement du Grand Prix.

Et quand Patrick a patiné, la foule comble a pu constater sa virtuosité avec la lame dans un programme conçu pour mettre en montre tous ses talents. Ce ne fut pas une exécution parfaite – certains de ses triples sauts ont plutôt été des doubles ou des simples – mais Patrick avait uniquement l’intention de présenter des jeux de pieds, des pirouettes et des transitions impeccables. Aucune patinoire n’est assez grande pour la puissance de Patrick; ses sauts étaient collés aux bandes de la petite patinoire de hockey. Il a réussi deux quadruples sauts, un en combinaison avec un triple saut de boucle piquée, rendu plus facile cette année en changeant son tracé pour les quadruples sauts. Oui, il exécute encore plus facilement les quadruples sauts maintenant, affirme Kathy.

Patrick a avoué avoir ses doutes lorsqu’il a présenté son programme olympique pour la première fois. Il était nerveux et se demandait si les gens l’aimeraient. Étant donné qu’il aime lui-même son programme, il savait que les autres l’aimeraient aussi. Et, il avait raison. On lui a fait une ovation.

Sa saison de l’an dernier, durant laquelle il était en proie à des difficultés – avec des tentatives maladroites et incertaines qui l’ont mis en deuxième place en style libre aux championnats du monde avec toute une gamme d’erreurs – était d’après lui une « année expérimentale ». Bien que Patrick n’ait habituellement qu’un nouveau programme chaque saison, la saison dernière il a opté pour de nouveaux chorégraphes, Jeff Buttle et David Wilson, et devait apprendre à fond deux nouveaux programmes. Le premier programme de David pour Patrick était La Bohème et Patrick admet à présent qu’il a eu beaucoup de mal.

« J’ai aimé La Bohème, a-t-il dit, mais ce n’était pas pour moi ». David et lui apprenaient seulement à se connaître. Maintenant, ils se connaissent bien.

La Bohème, Patrick a déclaré, semblait « traîner. Le montage de la musique, le jeu de pieds plus lent que d’habitude et la séquence de pas chorégraphiée à la fin n’étaient pas nécessairement assez vites et dynamiques ». Il exécute à présent sa séquence de jeu de pieds caractéristique à la toute fin du programme pour enthousiasmer la foule et les juges et peut-être lui-même.

À Detroit, il est en paix et se sent libre. Il s’entraîne aux côtés des anciens champions américains Jeremy Abbott et Alissa Czisny ainsi que son coéquipier canadien, Elladj Balde. « Nous nous entendons tous très bien », fait remarquer Patrick. « Nous nous entraidons, ce qui est évident car nous nous améliorons tous ensemble.

« Nous nous poussons les uns les autres. Et, je n’ai jamais tant ri que durant les séances avec Elladj. » Ils vont souper ensemble et jouent à des jeux vidéo. Patrick aime les voitures classiques et musclées et il est déménagé dans la bonne ville à cet égard.

Patrick n’a jamais concouru aussi tôt et il n’a jamais exécuté ses quadruples sauts aussi bien, si tôt dans la saison. « Tout commence à porter ses fruits, ajoute-t-il. « Je vois la lumière au bout du tunnel. » Il sent qu’il a la responsabilité d’être peut-être le premier Canadien à remporter une médaille d’or olympique.

Beverley Smith

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